
Â
Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans ce vingt-deuxième psycho mail !
Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous sentir « à côté de la plaque » ?
De parler avec quelqu’un… et de ne pas vraiment entendre ce qu’il vous dit ?
D’avoir l’impression d’être là , sans être là ?
Ou de vivre une journée entière comme dans un rêve flou, sans réussir à vraiment atterrir ?
Ce phénomène a un nom : la dissociation.
Et non, ce n’est pas rare. Ce n’est pas grave. Et non, vous n’êtes pas en train de « devenir fou/folle ».
La dissociation, c’est quoi exactement ?
La plupart du temps, c’est un mécanisme de protection du cerveau.
Quand une situation est perçue comme trop intense (trop stressante, trop douloureuse, trop menaçante), ou à l’inverse trop vide (trop monotone, trop absente de stimulation), le cerveau peut… décrocher.
Comme s’il appuyait sur pause.
Il peut le faire :
→ en créant une sensation d’irréalité, comme si tout était flou ou lointain,
→ en vous donnant l’impression d’être spectateur·rice de vous-même,
→ en coupant vos émotions ou votre mémoire,
→ ou en vous mettant en “mode automatique” sans que vous vous en rendiez compte.
Mais alors… c’est toujours lié à un trauma ?
Pas forcément.
La dissociation peut apparaître dans des contextes traumatiques, bien sûr. Elle fait même partie des symptômes très fréquents du stress post-traumatique.
Mais elle peut aussi survenir :
→ en cas d’anxiété intense,
→ lors d’une crise de panique,
→ quand on est en état de stress prolongé,
→ ou même dans des moments du quotidien, très routiniers, où le cerveau s’ennuie et se déconnecte (vous savez, ces moments où vous ne savez même plus si vous avez fermé la porte à clé ?).
Est-ce que ça peut durer longtemps ?
C’est une question qu’on me pose souvent.
Et la réponse est : oui.
Certaines personnes peuvent se sentir « déconnectées » pendant plusieurs heures, plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Et tant qu’on ne comprend pas ce qu’il se passe, ça peut être franchement flippant.
Mais dans beaucoup de cas, c’est un phénomène temporaire, réversible, et pas dangereux.
Il ne signifie pas que vous ĂŞtes en train de “perdre la tĂŞte”. Il signifie que votre cerveau cherche Ă vous protĂ©ger, et qu’il n’a juste pas encore trouvĂ© comment revenir Ă l’équilibre.
Est-ce qu’il faut lutter contre ?
Pas vraiment.
👉 Plus on cherche à « sortir » de la dissociation à tout prix, plus on se crispe… et plus on l’entretient.
👉 Plus on la regarde avec peur, plus elle prend de place.
👉 Et plus on s’accroche Ă l’idĂ©e qu’il faut vite redevenir “normal·e”, plus on alimente l’angoisse.
Ce qu’on peut faire, en revanche, c’est créer des petits ancrages, qui aident le cerveau à revenir ici et maintenant.
Quelques pistes concrètes (et douces) pour s’ancrer :
🟡 Bouger doucement son corps : marcher, étirer les bras, sentir ses pieds toucher le sol.
🟡 Stimuler ses 5 sens : tenir une pierre fraîche, sentir une odeur forte, écouter un son agréable, mâcher un chewing-gum.
🟡 Nommer ce qu’on voit autour de soi : « je vois une tasse bleue, un coussin jaune, une lampe blanche ».
🟡 Faire un petit geste réconfortant : se poser la main sur la poitrine ou sur le visage, doucement, comme pour dire «je suis là ».
🟡 Respirer lentement, en sentant l’air entrer et sortir.
Et surtout, se parler avec douceur.
Se rappeler que ce que l’on vit est un mécanisme de survie, pas une pathologie.
Et que ça va passer.
Ă€ garder en tĂŞte
La dissociation n’est pas un bug.
C’est une fonction.
Une façon qu’a le cerveau de dire : « Ça, c’est trop pour moi maintenant. Alors je me mets en veille. »
Et même si ce n’est pas confortable, ce n’est pas une erreur.
Plus on comprend ce qu’il se passe, plus on peut traverser l’expérience avec moins de peur… et plus de présence.
✨ « Si je me sens déconnecté·e, c’est peut-être que j’ai besoin de ralentir, de respirer, et de me reconnecter à moi. Doucement. »
Prenez soin de vous,