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🚀 Psycho mail #2 Psy et patients : parlons nous la même langue ?

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce second psycho mail !
 
Aujourd’hui je voulais vous parler d’un sujet qui est très important pour moi (et auquel je pense souvent lorsque je crée mon contenu sur instagram) : la différence de langage entre les psys et les patients.
 
Lorsque je crée des posts, je me demande toujours si les gens vont se sentir compris. Et c’est pareil lorsque je suis en thérapie. Lorsque j’explique à mes patient·es que je pense qu’ils/elles souffrent de tel trouble, j’essaye au maximum de faire coller mes explications aux symptômes qu’ils m’ont décrit la première fois qu’ils sont venus me voir.
 
Pourquoi ? Parce que je veux qu’ils comprennent ce qui leur arrive, de quel trouble ils souffrent et comment ce trouble se manifeste dans LEUR vie. En fait moi je travaille toujours (enfin j’essaye de toujours travailler) avec les représentations de mon/ma patient·e. Et tant pis si on n’est pas EXACTEMENT sur la bonne définition. Le principal c’est que mon/ma patient·e sache de quoi il/elle souffre et comprenne ce qui lui arrive.
 
Et jusqu’à présent je faisais ça parce que c’est ce qu’un de mes tuteurs de stage m’avait appris pendant mes études et que ça me paraissait être du BON SENS.
 
SAUF QUE je suis tombée sur deux études hyper intéressantes lorsque je trainais sur google scholar à la recherche de ce que j’allais bien pouvoir vous raconter pour cette deuxième newsletter 🫠
 
Ces deux études portent sur les différences interculturelles qu’on peut trouver chez des personnes vivant dans différents pays pour un seul et même trouble.
 
En l’occurence, les études parlaient des différences interculturelles vis à vis de la représentation que les gens avaient de leur anxiété.
 
Il existe déjà énormément d’études sur l’importance de prendre en compte la culture de nos patients, mais j’ai trouvé ces deux là particulièrement intéressantes parce qu’elles montrent que les statistiques qu’on peut avoir sur les troubles peuvent être extrêmement biaisées par le vocabulaire employé.
 
Par exemple dans cette étude, les expérimentateurs ont cherché à étudier la prévalence du trouble anxieux généralisé (TAG) au sein de la population péruvienne en leur faisant passer deux tests mesurant la symptomatologie de l’anxiété généralisée traduits en espagnol.
 
Pour rappel, le TAG est le trouble anxieux le plus répandu qui se manifeste par des inquiétudes excessives (le fait de toujours avoir peur de tout), une intolérance à l’incertitude (le fait de ne pas supporter de ne pas savoir ce qui va se passer ou comment quelque chose va se passer) et des symptômes physiques (douleurs musculaires, maux de tête, symptômes digestifs, etc).
 
Et ils se sont aperçus que les participants ne jugeaient pas leurs inquiétudes comme “incontrôlables” lorsqu’on leurs demandaient lors des entretiens cliniques mais lorsqu’ils répondaient aux questionnaires, la plupart d’entre eux exprimaient avoir du mal à contrôler leurs inquiétudes (“une fois que je commence à m’inquiéter, je n’arrive pas à m’arrêter”).
 
À Hong-Kong, les expérimentateurs de cette étude se sont aperçus que la prévalence du TAG au sein de la population d’Hong-Kong était 4 fois plus élevée lorsqu’on enlevait l’adjectif “excessif” des définitions du DSM 5 du TAG. Ce qui veut dire que pour les participants de cette étude, leurs inquiétudes n’étaient pas “excessives” et pourtant, leur symptomatologie remplissait bien les critères diagnostiques du TAG.
 
Et ça me fait penser que c’est la même chose en France. Selon une étude menée par Bérénice Lefebvre sur son compte instagram, beaucoup de français·es ne considèrent pas leurs inquiétudes comme “excessives”.
 
Non je plaisante. Enfin j’ai bien remarqué en discutant avec des personnes ayant reçu le diagnostic de TAG qu’elles avaient du mal se reconnaitre dans le côté excessif des inquiétudes (mais je n’ai fait aucune étude scientifique 😅). Pour elles, ce qui se passe dans leur tête n’est pas assez intense pour le qualifier d’excessif (et on peut le comprendre sachant que les inquiétudes dans le TAG sont souvent égosyntoniques, c’est à dire qu’elles sont le plus souvent en accord avec les valeurs de personnes).
 
Voilà j’avais à coeur de vous parler de ça aujourd’hui parce qu’on voit bien que la souffrance qu’on peut vivre quand on souffre d’un trouble peut ne pas être comprise de la même manière en fonction des personnes qu’on a en face de nous.
 
Et je me questionne aussi sur le côté “prévention” des campagnes de santé mentale. Je me dis que c’est sûrement aussi pour ça que beaucoup de personnes ne se reconnaissent pas forcément quand on en parle, parce que les mots employés ne leurs parlent pas ?
 
Je m’arrête ici pour les questionnements ! N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en répondant à ce mail ou sur instagram 🚀
 
Je conclurai donc cette newsletter en vous disant qu’il arrive parfois qu’on ne se sente pas compris·e par notre psy mais que cela ne veut pas forcément dire que nous sommes bizarre ou que notre psy est incompétent·e, parfois c’est juste une question de langage !

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